Saoussen Boudiaf : « Il y a encore quelque chose à faire »…

Après avoir tutoyé les sommets jusqu’en 2016, Saoussen Boudiaf a effectué une salutaire traversée du désert. En intégrant la « Team Roubaix » et ses précieuses structures, elle espère retrouver au plus vite le très haut niveau. Près des siens, c’est une autre championne que l’on découvre…

Cet après-midi-là, « Soussou » faisait valoir sa nouvelle vie et son goût prononcé pour le partage. C’était à l’EPHAD du Nouveau Monde, rue de l’Hommelet, là où 80 résidents finissent paisiblement leur vie, entourés des soins d’un personnel bienveillant. Dehors, le soleil rayonnait. Comme la sabreuse roubaisienne, visiblement très heureuse de pouvoir donner de son temps… et de son sourire à des pensionnaires sous le charme.

Car depuis le début du mois d’octobre 2018, Saoussen a démarré une formation au sein de cette unité. Elle y prépare un DEAES (diplôme d’Etat d’accompagnant éducatif et social). Nouveau départ, nouveau défi, nouvelle vie et nouvelles ambitions ! « C’est l’ancien diplôme AMP (Aide médico-psychologique), explique Alexandra Jurkowski, la responsable de l’EPHAD du Nouveau Monde. C’est un vrai plaisir d’avoir accueilli une telle championne. Nous espérons maintenant qu’elle saura mettre toutes ses envies à exécution ! »

Alexandra Jurkowski ne croit pas si bien dire ! Car c’est une sabreuse véritablement transfigurée que nous avons rencontrée. « Ça me change, ça me fait du bien, lance d’emblée celle qui arbore une formidable « pêche ». J’ai mis du temps à retrouver ma place, mais j’ai l’impression que 2019 sera mon année. Je suis, certes, un peu passée inaperçu sur le plan sportif en 2018, mais j’ai surtout gardé confiance, parce que des gens ont toujours cru en moi. » A 25 ans, Saoussen Boudiaf a la maturité de ces championnes qui ne doutent de rien. En intégrant la Team Roubaix, l’égérie du Cercle d’escrime si cher à Jean-Jacques Verbrackel est redevenue la lionne qui fit d’elle une vice-championne du monde par équipes (2014) et une vice-championne d’Europe (2014 et 2016). Alors dans le Top 4 français, aux côtés de Cécilia Berder, Charlotte Lembach et Manon Brunet, « Soussou » fit même le déplacement à Rio de Janeiro (Brésil), à l’occasion des Jeux Olympiques… comme remplaçante.

« Je suis prête à exploser »

Trois ans plus tard, à peine sortie du Top 5 tricolore, la voilà motivée comme jamais pour retrouver son rang ! Parce que la « Team » lui apporte les structures et la possibilité de redevenir une super championne. « Je n’ai plus le souvenir d’être montée sur un podium depuis 2017, mais il y a quelque chose à faire. Une fois qu’on a goûté au succès, il est difficile de s’en passer. J’ai 25 ans, je ne suis pas finie. C’est même l’âge de la maturité. C’est parfait ! »

A ses côtés, Nathan Guelton, son camarade de club, lui sert de partenaire pour une démonstration face à un petit public de tempes grises tout acquis à sa cause. « 2019 va me remettre en selle, je suis prête à exploser. » Et dans ce milieu du Nouveau Monde qu’elle a récemment découvert, elle savoure. « Il y a toujours une réadaptation à faire. Ici, j’ai créé des liens et je les adore. Il y a, certes, le sport qui, pour l’heure, m’accapare, mais j’ai hâte de reprendre ma formation. »

Chaque chose en son temps, dirions-nous ! A Roubaix, pour le circuit national programmé le 7 avril au Stab, ou lors d’épreuves internationales, « Soussou » espère bien ne pas laisser passer sa chance. Pour les JO de Tokyo en 2020… ou Paris 2024, « et pourquoi pas ? » sourit-elle avec malice…

Didier PARSY

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